O KELTIA

GLENMOR

Qui était Lez-Breizh ?

Morvan, fils de Konan Mériadeg,
était appelé Lez-Breizh (lez = hanche, soutien).
Il fut le premier à rassembler les Bretons dans leur lutte contre les Francs.
Par trois fois (786, 799, 811) Charlemagne fit intervenir ses armées sans pouvoir réduire les Bretons. A sa mort, son fils Louis le Débonnaire (778 - 840) lui succède en 814.
Il veut conquérir la Bretagne à son tour et se heurte à Morvan qui mourut en 818. Son épopée est racontée dans un chant du Barzaz Breizh.
Sa mort ne mit pas fin à la résistance bretonne ; lui succéderont Wiomarc'h (ou Guiomarc'h), puis Nominoë qui vaincra les Francs à Ballon (845).
Cette victoire devait assurer l'indépendance de la Bretagne … jusqu'en 1532.
D'après " Histoire de la Bretagne et des pays celtiques " P. Honoré Ed. " Skol Vreiz "

Polémique sur un chant
Glenmor a écrit " Keltia " en s'inspirant du Barzaz Breiz, recueil de chants populaires datant de la fin du XIX siècle. Il faut se référer aux faits historiques cités plus haut - les Francs étaient des envahisseurs, les Bretons se défendaient , à l'époque du Barzaz Breiz où la majorité du peuple breton parlait sa langue ainsi qu'aux années 1970, période à laquelle Glenmor (1931 - 1996) a écrit ce chant . A cette époque, entre autres faits, la main d'œuvre bretonne en plaine beauceronne était considérée comme étrangère et immigrée au même titre que les Italiens, Espagnols et Portugais (cf. La République du Centre, 1972). Le nombre d'exemples de ce genre ne manque pas.
Peut-être les temps ont-ils changés ?
Mais le chant est beau, et il est bien de ne pas renier son histoire et sa culture.

Guy Keromnès

A propos de la chanson de Glenmor " O Keltia "
Peut-être sais-tu qui était le fameux Lez Breizh qui est revenu dans le dernier couplet ?
Au cours du Chanoine Falhun, à la fac, celui-ci nous faisait décortiquer de vieux textes en breton, et je me souviens qu'on avait beaucoup insisté sur le fameux recueil de chansons de gestes et de poèmes épiques, le " Barzaz Breiz ", écrit par La Villemarqué en 1839. Celui-ci avait collecté à l'époque ces textes… les avait-t-il transformés à sa " sauce " ? une grande polémique a eu lieu à ce sujet.
Bref, l'histoire de Lez Breiz y est racontée sous forme de six poèmes. Cette série de chants raconte les exploits de Morvan Lez-Breizh ("soutien de la Bretagne". Littéralement " lez " signifie la hanche, et Breizh la bretagne). C'était le nom donné à Morvan, vicomte de Léon au IXè siècle, qui devint le symbole de la lutte contre les Francs… " sous la botte étrangère Bretagne gémit " " Dindan gwask ar gall, sous le joug du franc " (Ar gall vient de gaulois, nom donné aux francs). Tout cela se passait du temps de Charlemagne, et de Louis Le Débonnaire…
Un ouvrage d'un religieux Ermold Le Noir, qui suivit en Bretagne l'armée de Louis Le Débonnaire, raconte pratiquement les mêmes faits, ainsi qu'une innombrable littérature.
Quand Glenmor dit que " Lez Breiz est revenu ", on peut y voir un cri pour l'indépendance de la Bretagne, mais moi j'y vois surtout un hommage au renouveau de la culture bretonne. (Vaincu et blessé à mort, Lez Breiz disparaît du monde, mais avec un espoir de retour).

Voici des résumés de ces six poèmes (trouvés sur le net)

Ar c'himiad (Le départ)
Morvan, enfant, voit un jour arriver dans la maison familiale un chevalier dont l'allure, l'armure, l'air imposant l'impressionnent. Il en parle à sa mère, comme d'une apparition plus belle que si ç'avait été l'archange Saint-Michel en personne. Au désespoir de sa mère, il prend la première rosse qu'il trouve, et part embrasser la carrière de chevalier
An distro (Le retour)
Au bout de dix ans, le chevalier Lez-Breizh revient au manoir de son enfance. Il le trouve abandonné, livré aux ronces. Une vieille femme et une jeune fille l'accueillent ; la jeune fille raconte que la ruine s'est abattue sur la maison depuis le départ de son frère, dix ans plus tôt, et que sa mère en est morte de chagrin. Le frère et la soeur tombent dans les bras l'un de l'autre, dans des torrents de larmes
Marc'heg ar roue (Le chevalier du roi)
Un combat singulier est organisé entre Lez-Breizh et un chevalier du roi, Lorgnez. Avant le combat, le Breton remet son sort entre les mains de Sainte Anne, en promettant des dons pour son église en cas de victoire. Le combat commence, après un échange d'invectives entre les adversaires. La scène suivante montre le page de Lez-Breizh racontant comment son maître a tué treize Francs, et Lorgnez le premier. Puis Morvan va remercier sa protectrice
Morian ar roue (Le more du roi)
Le roi des Francs demande à ses chevaliers de vaincre Lez-Breizh. Le More du roi relève le défi et va provoquer le Breton. Le combat a lieu en présence du roi, et tourne à l'avantage du héros, qui tranche la tête du More ; puis il l'attache par les cheveux au pommeau de sa selle, s'en retourne chez lui, et attache la tête à sa porte. Les Bretons, impressionnés, se disent : "En voilà, un homme !". Nouveaux remerciements à Ste Anne
Ar roue (Le roi)
Cette fois c'est le roi lui-même que Lez-Breizh va combattre. Son page, sa soeur, effrayés par de mauvais augures, essaient de l'en dissuader
Al lean (L'ermite)
Lez-Breizh frappe à la porte d'un ermite ; mais le vieillard lui refuse l'hospitalité, par crainte du roi des Francs. Sous la menace, il finit par ouvrir ; stupéfaction, c'est un fantôme qui entre, tenant sa tête dans ses mains ! Il demande à l'ermite de replacer la tête sur ses épaules ; celui-ci accepte, mais lui impose une pénitence de sept ans à porter une robe lestée de plomb
Au bout de sept ans, le vieux chevalier est méconnaissable ; seule le reconnaît sa sainte patronne, Sainte Anne, qui le délivre de son fardeau
Le page, qui le cherchait depuis sept ans, arrive près de l'endroit où il s'était retiré, et reconnaît son cheval. "Dites-moi, vieillard qui venez à la fontaine, qui dort sous ce tertre ? - C'est Lez-Breizh qui dort en ce lieu. Il va s'éveiller tout à l'heure, et va donner la chasse aux Francs !"

(Extrait du "Barzhaz Breizh", le premier grand recueil de chansons bretonnes, publié en 1839 par Hersart de la Villemarqué)

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